[archives] Dossier Madworld 1ère partie : la présentation au MGS 2008

Publié le par Skopkall

Publié sur le défunt site Mangetonpad.com, cet aticle décrit la présentation du jeu MadWorld sur Wii par son directeur Inaba Atsushi lors du Micromania Game Show 2008, et présente nos premières impressions à l'époque. L'article est écrit avec la collaboration d'Alex, également rédacteur sur le même site.

 

Un homme (presque) comme les autres...

mad10Inaba Atsushi monte sur la scène de l'espace conférence du Micromania Game Show accompagné de son interprète Greg, que l'on ne présente plus. Après une courte introduction, un des producteurs les plus inventifs de ces dernières années lance son nouveau bébé. Le logo MadWorld apparaît sur l'écran géant, cerné par une chaîne de tronçonneuse ensanglantée. Le ton est donné, et pendant vingt bonnes minutes, le maître nous présentera la vision du jeu vidéo que constitue pour lui ce nouveau titre, sur un ton posé qui tranche furieusement avec l'hyperviolence grandguignolesque figurée à l'écran.

Un jeu qui tue, mais avec élégance !

mad2Inaba Atsushi n'est pas habitué à traiter la violence de façon si explicite. Cela fait partie de sa démarche d'artiste de choisir spécifiquement ce thème et d'en pousser le traitement à son paroxysme dans le cadre de MadWorld. Faire un jeu d'une telle violence qu'il en devient débile et drôle, tel est son credo. Il a tenu à ce que MadWorld exploite la Wiimote de la façon la plus instinctive possible et que le gameplay reste accessible au plus grand nombre. On lève la Wiimote, notre personnage lève sa tronçonneuse ; on descend la Wiimote, on découpe tout ce qui passe dans la joie et la bonne humeur. C'est aussi simple que cela : on tronçonne en long, en large, de biais, par devant, par derrière, dans une grande gerbe écarlate d'autant plus impressionnante que le graphisme, mis à part les onomatopées façon BD, apparaissant en jaune vif, est intégralement monochrome.

Je bute tout le monde, et c'est mon choix !

mad3L'intrigue de MadWorld est simple : dans un futur indéfini, une émission de télévision décadente nommée Deathwatch envoie dans une arène des participants dont le but est de commettre les massacres les plus spectaculaires pour satisfaire un public chargé de noter leur style. Pour conquérir les spectateurs, il faut faire bon usage de la panoplie de coups possibles et des éléments contondants du décor. Un panneau de signalisation croise votre chemin ? Arrachez-le du sol, plantez-le dans la tête du premier gus venu et admirez-le marcher, hagard, avant de s'écrouler quelques mètres plus loin. Un affreux s'avance et vous menace ? Un vieux pneu devrait l'aider à se tenir tranquille et vous permettre ensuite d'en disposer comme bon vous semble : pourquoi, par exemple, ne pas l'envoyer dans une benne qui, en se refermant, le sectionnera au niveau de la ceinture ? A moins que vous ne préfériez l'expédier sur un ventilateur géant ou l'empaler sur un mur de piques... Vous trouvez que je spoile ?  Rassurez-vous, ce ne sont là que quelques-unes  des fatalités qu'Inaba a dévoilées durant sa présentation. Chacune de vos performances mad4meurtrières donne des points de style qui permettront de débloquer de nouvelles armes et de nouveaux mini-jeux. Chaque niveau exploite un thème différent, le stage présenté, Down Town se déroulant dans une zone  portuaire, mais une grande variété de décors et de  situations nous est promise.


Bah quoi, t'es pressé ?

mad5Une donzelle sexy bien qu'en noir et blanc, toute de cuir et de pointes vêtue, introduit le premier mini-jeu, et un présentateur un rien déjanté enchaîne avec la présentation des règles de l'attraction du moment. Une presse hydraulique hérissée de pointes est apparue au plafond et pilonne la fosse située en dessous d'elle à intervalles réguliers. A vous de la nourrir en lui envoyant le plus grand nombre de victimes possible. Rapidement, la presse commence à littéralement dégouliner du sang de vos ennemis, ça bave sur les côtés comme du Blédina sur les joues d'un poupon. A noter que, invariablement, le présentateur de la séquence finit par mourir dans des circonstances ahurissantes. Vous avez intérêt à aimer le rouge...

Qu'est-ce qui est blanc, qui fait bwaaaah et qui est super dangereux ?

mad6Vous avez fait le plein de points, et un premier boss apparaît, comme de juste plus grand, plus fort et plus résistant que la victime lambda. Une saillie de votre arme ne suffit donc pas pour l'abattre et en plus, il se permet de contrer vos attaques. A la manière d'un Gears of War, il faudra parfois lutter au corps-à-corps, par le biais d'une séquence de Wiimote classique, pour savoir qui prendra le dessus. Détail désopilant : si vous achevez cet ennemi en le décapitant, vous pourrez ensuite ramasser sa tête et l'emboîter sur la tronche d'un autre ennemi. On s'amuse comme on peut, hein...

O.J. style


mad7Une nouvelle arme apparaît dans un casier bonus : vous voici muni d'une batte de base-ball hérissée de clous, de quoi changer de style. Les mouvements de la Wiimote sont modifiés en conséquence, mais l'objectif reste le même. On aboutit rapidement au second mini-jeu : les fléchettes humaines. Une immense cible, et des victimes qu'il faut envoyer s'écraser dans les cases rapportant le plus de points. Inaba nous gratifia d'ailleurs, à cette occasion, d'un splendide "bull's eye" qui provoqua une ovation spontanée dans l'assistance. Ce jeu de fléchettes humaines, nous promet Inaba, est beaucoup plus technique qu'il n'y paraît, et le jeu prend réellement en compte, le timing, l'angle d'attaque, la position du personnage et celle de sa victime pour déterminer à quel endroit de la cible celle-ci va échouer.

Les Fourches Caudines, c'est une nouvelle arme cachée ?

mad8MadWorld est donc une tuerie annoncée. Un jeu osé, dément, jouissif et extrêmement ludique dans son concept. Toutefois, au sortir de la présentation, il reste quelques points d'interrogation. Le délire tiendra-t-il sur toute la longueur d'une partie ? Il est arrivé, durant la présentation, que la caméra fasse quelques caprices, qu'en sera-t-il dans la version finale, sachant que le joueur ne pourra pas la manipuler lui-même ? Et surtout, le plus important : le jeu présenté sera-t-il réellement le jeu en vente dans nos rayons ? C'est la douloureuse question de la censure qui se pose. Selon Franck Sebastien, responsable de la présentation chez Sega, tout est fait pour que le jeu sorte tel quel en France, et l'appui de Nintendo en serait une garantie réelle. Cependant, ailleurs, le jeu a déjà provoqué la polémique : en Grande-Bretagne, des associations de "consommateurs" – chez qui la consommation, un peu comme pour Familles de France chez nous, n'est bien entendu qu'un cache-sexe pour mener leur lobbying réactionnaire - ont menacé de boycotter la Wii si Nintendo continuait à soutenir Inaba dans son projet. En Allemagne, le jeu est d'ores et déjà ludo non grata et aux Etats-Unis l'ESRB se démène pour ne pas avoir à le classer AO (Adults Only), ce qui le bannirait automatiquement des circuits de distribution non-spécialisés.

 

mad9En pleine récession conservatrice depuis la tuerie d'Akihabara, le Japon a récemment ciblé le jeu et une interdiction, qui serait une première dans ce pays pour un jeu du cru, n'est pas à exclure. Pour l'instant, la sortie du jeu au Japon apparaît en pointillé sur les plannings, Sega et Nintendo semblant vouloir d'abord analyser l'impact du titre dans d'autres pays avant de la proposer au public de leur mère patrie. Ce qu'il faut retenir et - osons le dire - regretter, c'est que la créativité d'Inaba et de son équipe a déjà été bridée, certaines idées étant passées à la trappe suite à l'avis défavorable de différentes personnes consultées de par le monde. Il est possible d'y voir une logique de coopération intégrée dans le processus créatif, comme l'indique le producteur dans l'interview que nous avons réalisée, mais sans aller jusqu'à dire que MadWorld y perd son âme, il s'agit tout de même d'une preuve indiscutable que la censure des jeux est bel et bien une triste réalité.


Publié dans Jeux vidéo

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