Critique : Invictus, de Clint Eastwood, avec Matt Damon

Publié le par Eric Primault

Invictus.jpgLorsque l’auteur d’un diptyque fantastique sur la bataille d’Iwojima s’empare d’un des changements politiques majeur de ces vingt dernières années, la chute de l’Apartheid, on peut s’attendre à une nouvelle grande fresque historique. On se trompe. Pour aborder la Coupe du Monde de rugby de 1995 sous l’angle politique, revenir sur le choix de Nelson Mandela de s’afficher aux côtés des Springboks, emblèmes du régime ségrégationniste déchu, et de leur capitaine François Pienaar, Clint délaisse la gravité pour la légèreté, l’anecdotique, avec un humour omniprésent.

 

Le film a une faiblesse : le rugby ! Malgré un travail documentaire que l’on imagine consciencieux, et la présence du vrai Chester Williams comme consultant, le jeu est assez mal rendu ; les impacts sont mous et on note plusieurs erreurs, lors des coups d’envoi notamment, ainsi qu’une chronologie incertaine : le commentateur signale la trentième minute alors qu’un écran quelques secondes plus tard indique qu’on est à la vingt-deuxième, avec un score plus élevé. Bref, on ne sent pas le rugby dans Invictus. Le contrat n’est pas rempli de ce point de vue.

 

invictus-morgan-freeman.jpgLà où l’on retrouve Eastwood, c’est dans sa façon de restituer à l’écran, notamment grâce à sa maîtrise du silence, ce qui peut se passer entre deux personnes à un moment précis, la connivence, la tension, l’hésitation, la colère, et tant d’autres sentiments. Les dialogues sont réussis, ainsi que la reconstitution historique de l’Afrique du Sud de l’après-Apartheid. Eclipsant Matt Damon, Morgan Freeman est parfait en Mandela, en VO son travail sur l’accent est particulièrement étonnant. Le tout au service de l’extraordinaire talent de conteur d’Eastwood, qui ajoute à la réflexion sur l'impact historique de cet événement le plaisir simple d'être devant un vrai bon film.

Publié dans Cinéma

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